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RFK, l’autisme et les ravages de l’ignorance

2025-04-17 /  579 mots /  3 min de lecture
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Ce n’est pas la première fois que j’aborde ce sujet ici(Nous, Elon Musk et le syndrome d'asperger), mais compte tenu du climat médiatique actuel et de la récurrence des discours problématiques, j’y reviens.


Récemment, Robert F. Kennedy Jr., nouveau secrétaire à la Santé, a proposé de déclarer une urgence nationale en raison de l’augmentation des diagnostics d’autisme chez les jeunes. Il parle littéralement d’épidémie et demande à ce que des recherches soient entreprises pour en identifier la cause.


À première vue, on pourrait croire à une volonté de mieux comprendre ce trouble. Mais le passé de RFK Jr. — ses publications, ses prises de position — indique qu’il n’aborde pas ce sujet avec neutralité. Il défend depuis longtemps une thèse liant vaccins et autisme, largement discréditée par la communauté scientifique. Ce n’est pas tant de recherche dont il est question ici, que de validation d’un point de vue déjà tranché.


Mais le problème dépasse le personnage.


Ce genre de déclaration alimente une perception erronée de l’autisme : comme si c’était une pathologie envahissante, une menace sociale, un fléau. En réalité, ce que les chiffres révèlent surtout, c’est une amélioration du dépistage, une meilleure compréhension du spectre, et une certaine ouverture de la société. On diagnostique davantage non pas parce qu’il y a “plus d’autistes”, mais parce qu’on les reconnaît mieux.


C’est ce qu’on appelle un effet de visibilité accrue. Comme pour d'autres conditions (TDAH, anxiété, hypersensibilité), à mesure que le discours public se développe, les gens ont des repères, se reconnaissent, consultent, et les professionnels affinent leurs outils. Plus on regarde quelque chose attentivement, plus on le voit. Ce n’est pas une inflation artificielle : c’est le signe que la science fonctionne.


Cela dit, il reste des angles morts, y compris dans les milieux bien intentionnés. L’autisme est souvent réduit à deux images opposées : le génie incompris d’un côté, la personne non fonctionnelle et “à charge” de l’autre. Ces stéréotypes nuisent à la compréhension fine des réalités vécues, qui sont diverses, nuancées, parfois difficiles, parfois enrichissantes, souvent invisibles.


Et il est regrettable de constater que même les critiques des discours complotistes ou extrémistes tombent parfois dans ces mêmes raccourcis. L’autisme sert d’argument, de label ou de caricature selon l’agenda. On ne peut pas lutter contre les clichés en en diffusant d’autres.


Ce que je souhaite, c’est un débat plus posé, fondé sur la rigueur scientifique et sur la reconnaissance de la diversité humaine. Pas une chasse aux causes, mais un investissement dans l’accompagnement, la pédagogie, et le soutien aux personnes concernées et à leurs proches.


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