
đș Trop de contenu, pas assez dâĂąme
Nous vivons une Ă©poque Ă©trange, presque schizophrĂšne, dans le domaine de la production culturelle. Dâun cĂŽtĂ©, jamais nous nâavons eu autant de films, de sĂ©ries ou de jeux vidĂ©o Ă portĂ©e de main. Lâabondance est lĂ , sur toutes les plateformes.
Mais de lâautre, une impression persiste : un arriĂšre-goĂ»t fade, une sensation de dĂ©jĂ -vu. LâĂąge dâor de la production est aussi celui de la redondance.
đ€ Le public, plus exigeant que jamais
Les spectateurs et joueurs sont en partie responsables : submergĂ©s de choix, ils deviennent exigeants, imprĂ©visibles, parfois blasĂ©s. Il faut aujourdâhui frapper fort pour sortir du lot. Mais les crĂ©ateurs, eux aussi, se replient souvent sur ce qui a dĂ©jĂ marchĂ©. RĂ©sultat : une avalanche de remakes, de reboots et dâhommages sans fin.
Spiderman, Superman, Jurassic Park... combien de fois encore allons-nous les revoir ressuscités ?
đčïž Le rĂ©tro, ce nouveau refuge
Dans lâunivers du jeu vidĂ©o, le phĂ©nomĂšne est tout aussi marquĂ©. Les studios indĂ©pendants, notamment, surfent sur la vague rĂ©tro : pixel art 8-bit ou 16-bit, musiques synthĂ©tiques façon SNES, ambiance PS1 revisitĂ©e.
Le style est devenu un genre en soi, comme le cubisme en peinture. Mais au lieu dâinnover Ă partir de ces bases, beaucoup se contentent de reproduire. On revisite les classiques, sans les transcender. Et câest lĂ que le bĂąt blesse.
âïž Sea of Stars : un hommage trop sage
Prenons Sea of Stars, que jâai mis deux ans Ă finir. Non pas parce quâil est mauvais, mais parce que son manque dâoriginalitĂ© mâa constamment freinĂ©.
Il aligne les références comme un fan-service assumé :
- voyage dans le temps et world map Ă la Chrono Trigger ;
- casse-tĂȘtes Ă la Golden Sun ;
- attaques combinées façon Final Fantasy VI ;
- musique japonaise recyclĂ©e comme si le compositeur nâen pouvait plus đ”âđ«.
Un bel hommage ? Oui. Mais un hommage sans souffle. Câest un "best of" sans Ăąme.
Un peu comme si on réduisait toute la cuisine italienne à « pizza-pùtes-sauce tomate ». Sérieusement.
đ Des touches qui sauvent les meubles
Et pourtant, Sea of Stars nâest pas une coquille vide. Le worldbuilding est solide, les personnages bien Ă©crits â on sent une inspiration Final Fantasy IX dans leur design.
La diversitĂ© des environnements rappelle Legend of Mana, et certains clins dâĆil, comme le parlĂ© quĂ©bĂ©cois đšđŠ, font sourire.
Mention spĂ©ciale pour les casse-tĂȘtes, bien intĂ©grĂ©s au dĂ©cor, jamais frustrants. Pas besoin de courir sur les forums pour trouver une solution Ă chaque porte fermĂ©e. Et ça, câest rare.
â Note final : un bel effort, mais pas un chef-d'Ćuvre, un 13/20
Sea of Stars est un jeu sincĂšre, bien rĂ©alisĂ©, mais trop prisonnier de ses rĂ©fĂ©rences. Il nous promet un voyage vers lâenfance, mais sans vraiment nous surprendre.
đ§Ÿ RĂ©sumĂ©
- đš Style visuel rĂ©tro maĂźtrisĂ©, avec un beau pixel art 16-bit façon SNES.
- đ¶ Bande-son correcte, mais trop proche des JRPG classiques japonais, sans prise de risque.
- đ§ Casse-tĂȘtes bien conçus, intĂ©grĂ©s naturellement dans lâenvironnement sans casser le rythme.
- đșïž Worldbuilding cohĂ©rent et diversifiĂ©, avec des biomes variĂ©s rappelant Legend of Mana.
- đ„ Personnages bien dĂ©finis, avec une touche de Final Fantasy IX dans leur conception.
- đšđŠ Quelques originalitĂ©s, comme des dialogues en quĂ©bĂ©cois, qui ajoutent du charme.
- â ïž Trop dâhommages appuyĂ©s Ă Chrono Trigger, Golden Sun, Final Fantasy VI, ce qui bride la crĂ©ativitĂ©.
- đ Manque dâĂąme et dâaudace, le jeu reste dans une zone de confort nostalgique.
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