Blogue de JD Genest!

La semaine dernière, Valve a annoncé ses nouveaux appareils, dont la Steam Machine. Homonyme de son ancêtre — la première console/PC sous Linux de Valve — cette nouvelle version reprend le même concept, mais avec un matériel plus maîtrisé, un partenariat avec AMD, fort de dix ans d’expérience dans les SoC pour consoles, et un environnement logiciel optimisé grâce à sa distribution Linux, la surcouche Proton, le driver DXVK et des technologies comme le FSR d’AMD.

Cependant, sur Internet, tout va vite : dès l’annonce, la critique arrive. Certains pointent du doigt le manque de puissance et le prix, en avançant des exemples alambiqués pour montrer que la machine serait moins performante qu’une configuration moyenne sur Steam.

Oui, l’architecture RDNA3 et le processeur Zen4 ne sont pas les plus haut de gamme, et la mémoire reste à 16 Go. Avec toutes les discussions sur les 8 Go de VRAM, jugés insuffisants pour du 4K 120 Hz, on pourrait penser que cette machine ne pourrait pas faire tourner un AAA à 4K 120 Hz. Mais ce n’est clairement pas le but.

La Steam Machine n’a pas vocation à être le PC ultime ou la Xbox killer ; c’est un produit de niche, comme la Steam Deck. La configuration est suffisante pour la majorité des jeux ; elle ne sera simplement pas adaptée à des expériences extrêmes comme Starfield avec 500 mods en 4K à 144 Hz.

Ce que beaucoup ne voient pas, c’est le prix. Même si c’est un PC, il se retrouve en compétition avec le marché des consoles. Le coût reste un facteur, tout comme le format : Valve cherche un appareil élégant, pas un gros boîtier avec des ventilateurs partout. Les augmentations de prix dues aux fondeurs et aux différentes crises montrent qu’on ne peut pas avoir « le beau, le bon et pas cher » à chaque fois : c’est l’exception, pas la norme.

Un autre fait est que nous vivons dans un monde de compétition et de marketing, surtout dans le domaine tech, où l’on vante toujours le plus puissant, le plus rapide, le plus dernier cri… Cependant, cette réalité n’est pas accessible à tous, ni forcément utile. En pratique, ces configurations de pointe parlent surtout à une niche. Le plus drôle, c’est que souvent, elles ne sont même pas nécessaires : par exemple, ce site tourne sur un Raspberry Pi 400, avec les données stockées sur un SSD. Grâce à un simple travail d’optimisation, il est rapide et efficace, loin des configurations de gamer extravagantes que l’on voit partout en ligne.

Mais surtout, il y a l’arbre qui cache la forêt : la Steam Machine n’est pas faite pour être la plus puissante. Sa configuration et ses choix technologiques le montrent clairement. C’est avant tout un standard matériel pour les développeurs, une machine/station de développement. C’est un outil de geek et d’informaticien, vendu à tous, mais destiné à un usage technique. Le développement de jeux PC a toujours été une guerre de la configuration minimale : contrairement aux consoles, où il suffit de supporter une ou deux configurations, un PC implique une multitude de combinaisons, sa force mais aussi sa faiblesse. Même si l’optimisation minutieuse n’est plus aussi cruciale qu’avant, elle reste nécessaire : moins on optimise pour la base, moins le jeu sera accessible, et un PC coûte cher.

Personne ne le dira vraiment, car la communauté gamer est souvent prise dans un éternel ego-trip pour montrer « qui a la plus grosse », alors qu’en réalité, la majorité garde la même machine 5 ou 6 ans plutôt que de vendre un rein pour la dernière GeForce.

Pour ma part, je me demande si je l’achèterai. Ma Steam Deck répond encore parfaitement à mes besoins, et je préfère jouer sur PC de manière portable. Si besoin, j’ai aussi une tour que j’ai montée, qui fait le travail, même si elle est moins puissante que cette future console.