Blogue de JD Genest!

À quoi bon gagner si on se déteste en arrivant ?

2025-05-01 /  1050 mots /  5 min de lecture  / 4 commentaires
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Je suis dans un domaine très compétitif.


Depuis l’université — non, depuis le cégep même — on nous pousse à être les meilleurs. On nous a presque inculqué le culte du « crush ». Les nuits blanches pour les devoirs ou l’étude, ça semblait normal. À l’université, on en faisait même des compétitions : les fameuses game jams.


Au début, j’aimais ça. J’avais l’énergie. Puis avec l’âge, les responsabilités sont arrivées. Et là, le vrai défi s’est imposé : comment rester au top de mon domaine tout en jonglant avec ma propre vie ?


J’ai ressenti de la frustration. Et une peur.


La peur de ne pas me démarquer. De ne pas être payé à ma juste valeur.


Ce que je décris ne touche pas que l’informatique. C’est pareil en droit, en santé, dans toutes les sphères. On valorise la compétition, les objectifs, le dépassement. Mais à un moment, il faut savoir lâcher prise. Accepter d’être deuxième. Et se rappeler que deuxième, ce n’est pas « le premier des perdants », malgré ce que la société veut nous faire croire.


J’ai joué à ce jeu. Franchement ? Quel jeu de marde.


Avoir des enfants, une maison, un bon job avant 30 ans… comme si la vie était un speedrun vers le succès.

Avec du recul, j’ai pris mon temps. Je n’ai pas coché toutes les cases. Mais j’ai relevé mes défis, à mon rythme.

Faut arrêter de se comparer. Même quand on regarde les autres, on voit juste ce qu’ils veulent bien nous montrer — et ce, même en dehors des réseaux sociaux.


Un jour, j’ai demandé à une bonne amie dont le copain avait atteint ce que je visais — un contrat avec les GAFAM, des voyages, des projets de ouf — comment il avait fait, surtout en partant de notre coin perdu.


Elle m’a raconté tous les efforts : les nuits à coder, deux livres publiés, les meetups, les conférences, les sacrifices constants pendant sa vingtaine.


Et là, j’ai eu le vertige.


Il avait tout donné. Et moi ? J’étais à l’ébauche du frame de ce site.


J’ai compris que ce n’était pas pour moi. Pas par paresse.


J’ai simplement dit : « Moi, ce soir, je rentre chez moi, je me mets une bonne série, une vidéo YouTube, et je joue à World of Warcraft. »


Est-ce que lui a raté sa vie ? Non. Il voulait ça.

Est-ce que moi, je suis un lâche ? Non plus.


Je fais ma part. Je construis à mon rythme.


Et surtout, j’aurais fini par détester mon métier si j’étais tombé dans ce régime-là.


En même temps, c'était la première fois que j'ai eu une réponse honnête d'une personne proche car d'habitude c'est plus de l'exagération avec des hyperboles.


D’un ton grivois, je dis souvent :

« Les salaires, c’est comme les tailles de pénis : rare sont ceux qui les estiment en dessous de la moyenne. »


Cette mentalité de hiérarchie constante, de toujours vouloir grimper… elle nous nuit.

Je pourrais accuser ma génération, mais soyons honnêtes : ça vient d’avant.


Il y a quelques années, j’ai connu la mère d’une amie proche. Une femme obsédée par la réussite. Elle mettait une pression monstre sur ses filles, comme si leur vie entière devait être un portfolio de trophées pour justifier ses choix à elle.


Celle avec qui j’étais proche était vue comme « le crank ». Pas parce qu’elle avait échoué. Juste parce qu’elle n’était pas rendue où sa mère voulait qu’elle soit. Elle avait une technique, elle avait arrêté le ski après les Jeux du Québec. Et pour sa mère, c’était presque une disgrâce.


Sa sœur, elle, avait tout fait “comme il faut” : un sport qu’elle détestait, des études qui ne lui parlaient pas. Elle avançait dans un moule. Un moule qui étouffe.


Et moi, là-dedans ? J’étais perçu comme un frein. Un fonctionnaire de base. Pas un « bon parti ». Peu importe mes études, mes projets, mes ambitions — dans leur regard, je n’étais pas assez. Et si je n’étais pas assez, alors je risquais de tirer vers le bas celle avec qui j’étais.


Cette logique-là, c’est toxique.


Elle transforme l’amour, l’amitié, les relations humaines en stratégie de placement. Comme si on devait faire fructifier ses fréquentations pour monter dans l’échelle sociale.


J’aurais pu m'affaisser sous le poids de ces attentes, me dire que je ne vaux pas plus, que je ne correspondais pas à l’image qu’elle voulait de moi. Mais à quoi cela m’aurait-il servi, au fond ? Je ne suis pas l’image qu’elle attendait, et je n'ai pas à m’excuser pour ça. Je suis ce que je suis, à ma manière, et ça suffit. Si ça dérange, tant pis.


Ce texte est peu structuré, oui. Mais il a un message simple :

Prenez votre temps. Avancez à votre rythme.


Parce que chacun a sa propre recette du bonheur.

Section commentaires

Tu as raison sur toute la ligne Jean-Daniel très beau texte
2025-05-01
Excellant !
2025-05-01
Excellant !
2025-05-01
Tout à fait valide. cela doit être le fun de se démarquer pour commencer, quand ça arrête d'être le fun, quelque chose ne va plus.
2025-05-02

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