Récemment, une décision de la FTC visant à séparer Google de son navigateur Chrome a suscité de vives discussions. Il faut être honnête : la plupart d'entre nous utilisent probablement Chrome pour lire ou écrire ce type de contenu. Même si ce n’est pas directement Chrome, il s’agit sûrement d’une alternative basée sur Chromium comme Brave, Microsoft Edge ou même Safari.
Depuis son arrivée, Chrome a transformé le web, réussissant là où Microsoft avait échoué avec Internet Explorer à l’époque. Mais cette séparation changera-t-elle réellement la position dominante de Google ? Et si l’on ajoute à cela la rumeur d’une séparation d’Android, quelles seraient les conséquences ?
J’ai écouté plusieurs podcasts et vidéos YouTube sur ce sujet. Celui qui m’a semblé le plus pertinent est Tech Café, qui soulignait un point clé : le prix estimé de Chrome (plus de 10 milliards de dollars) limiterait drastiquement le nombre de potentiels acheteurs. Cela risquerait de simplement déplacer le problème. À un tel prix, un rachat serait probablement effectué par un autre géant technologique, ce qui pourrait à nouveau être bloqué par les régulateurs.
L’impact pour Google : Une question d’image, pas de survie
À mon avis, cette séparation aurait un impact plus symbolique qu’économique pour Google. En réalité, Google n’a pas besoin de Chrome, ni même d’Android, pour prospérer. Sa véritable puissance réside dans ses services, qu’elle a su rendre omniprésents et presque indispensables. Ces services reposent sur un pacte implicite : une grande qualité en échange de nos données personnelles, exploitées pour alimenter ses régies publicitaires. Rappelons que près de 80 % des revenus de Google proviennent de la publicité.
Chrome et Android tirent leur succès de leur intégration dans cet écosystème. Privés des services associés (comme Google Drive ou Google Traduction), ils perdraient une grande partie de leur attrait.
Chrome ou Chromium : Que reste-t-il ?
Si Google devait céder Chrome, on peut se demander ce qui serait réellement vendu : le navigateur Chrome en tant que produit fini ou Chromium, sa base open source. Dans le premier cas, Chrome deviendrait un simple concurrent de ses dérivés comme Edge ou Brave. Dans le second, cela pourrait créer des tensions avec la communauté open source et potentiellement donner naissance à des forks, comme cela a été le cas avec LibreOffice et OpenOffice. Peut-on vraiment "vendre" ou contrôler un projet open source ? La question reste ouverte.
Et Android dans tout ça ?
Pour Android, la situation est encore plus évidente. Les tentatives de Samsung ou Huawei pour proposer des alternatives sans services Google montrent que l’écosystème, plus que le système d’exploitation lui-même, constitue la véritable valeur. Une séparation pourrait affaiblir l’intégration entre Android et les services Google, ouvrant ainsi des opportunités pour d'autres acteurs.
Les défis actuels de Google
Il faut aussi noter que Google traverse une période difficile. Son moteur de recherche est critiqué pour son "emmerdification", et la montée en puissance d’OpenAI, qui exploite une technologie initialement développée par Google, menace son leadership en intelligence artificielle. Perdre Chrome et Android, des points d’entrée cruciaux pour collecter des données, pourrait affaiblir Google davantage, tant sur le plan stratégique que symbolique.
Bien sûr, Google pourrait toujours offrir ses services sur ces plateformes, comme elle le fait avec Chrome ou Google Drive sur iPhone et MacOS. Mais l’intégration serait moins profonde. De plus, rien ne garantit que les nouveaux propriétaires de ces produits ne proposeront pas des alternatives qui pourraient gagner du terrain.
Une opportunité pour les utilisateurs ?
Pour nous, les utilisateurs, cela pourrait avoir des aspects positifs. Bien sûr, il est tentant de sombrer dans le pessimisme en imaginant des scénarios catastrophiques, mais il est important de rappeler que le web est dominé par un petit nombre de compagnies. Limiter leur pouvoir pourrait introduire de nouvelles alternatives et dynamiser le marché. Cela rappelle les petits gains récents en régulation, comme l’ouverture des magasins d’applications tiers sur iOS ou l’adoption universelle de l’USB-C.
En conclusion
La décision de la FTC s’inscrit dans une vision un peu datée, "années 90", de la régulation technologique, centrée sur les logiciels. Google reste avant tout une société de marketing, et s’attaquer à ses produits périphériques plutôt qu’à son modèle économique central (publicité et données) pourrait limiter l’impact de cette mesure.
Cela dit, briser des monopoles reste bénéfique à long terme pour nous, consommateurs. De nouvelles alternatives et dynamiques pourraient émerger. Seul l’avenir nous dira si cette séparation apportera un réel changement ou restera un simple coup d’épée dans l’eau.